L’utilisation des violences sexuelles sur les femmes comme arme de guerre
- Margaux Verhaegen
- 31 août 2024
- 3 min de lecture

L’utilisation des violences sexuelles comme arme de guerre suscite un intérêt croissant dans les relations internationales. Ce phénomène est abordé ici sous une perspective multidimensionnelle intégrant des approches critiques, féministes et axées sur la sécurité humaine. L’objectif est d’examiner les divergences dans leurs analyses tout en explorant les dimensions juridiques et normatives qui encadrent ces violence.
Définition et contexte des violences sexuelles
Les violences sexuelles incluent le viol et d’autres actes coercitifs de nature sexuelle. Selon les définitions juridiques internationales, notamment celles de la CPI, le viol est une invasion physique à caractère sexuel perpétrée sous contrainte. Ces actes ne sont pas seulement des abus individuels, mais des tactiques stratégiques destinées à déstabiliser les structures sociales et économiques des communautés ciblées. Dans les contextes post-conflit, ces violences perdurent, amplifiées par l’insécurité, la pauvreté et l’impunité.
Perspective féministe critique
Les féministes critiques remettent en question l’objectivité présumée du droit international, le qualifiant de produit des structures patriarcales. Elles soulignent que les violences sexuelles sont considérées sous l’angle de l’“honérabilité” des femmes plutôt que de leur santé mentale ou physique. De plus, le droit international humanitaire (DIH) reste sexiste, car il repose sur des présupposés qui considèrent les femmes comme faibles et dépendantes de la protection masculine. Par exemple, bien que les violences sexuelles soient reconnues comme des violations du DIH, elles ne sont pas classées parmi les infractions graves.
Les critiques soulignent également que les incriminations des violences sexuelles dépendent d’un contexte précis : crime de guerre, crime contre l’humanité ou génocide. Cette conditionnalité réduit l’impact des poursuites judiciaires et perpétue les inégalités. Enfin, des aspects clés tels que la santé sexuelle et reproductive ou les conséquences économiques pour les femmes restent insuffisamment traités par le DIH.
Une conclusion centrale de cette perspective est que le droit international actuel est inadapté pour répondre à ces violences, nécessitant une meilleure prise en compte des analyses féministes pour déconstruire les normes sexistes sous-jacentes.
Perspective critique
Les approches critiques examinent les logiques de pouvoir qui soutiennent l’utilisation des violences sexuelles en temps de guerre. Elles soulignent que ces actes ne sont pas des incidents isolés mais des stratégies intentionnelles exploitées pour atteindre des objectifs économiques ou politiques. En déstabilisant les communautés, ces violences facilitent le contrôle des ressources naturelles ou humaines.
Cette perspective critique met également en avant le rôle dissuasif des poursuites judiciaires efficaces. Lorsque des mécanismes clairs de responsabilité sont en place, les agresseurs potentiels peuvent être dissuadés. En revanche, l’absence de tels systèmes renforce l’impunité et la récurrence des violences. Enfin, les critiques insistent sur le fait que ces violences révèlent des inégalités structurelles au niveau national et international, exacerbées par des systèmes de gouvernance inadéquats.
Perspective de la sécurité humaine
La perspective de la sécurité humaine se concentre sur la protection des individus et la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. Elle met l’accent sur trois piliers : prévention, protection et justice.
Prévention : cette approche préconise des stratégies de prévention, notamment par le biais de campagnes d’éducation et de sensibilisation visant à changer les normes sociales et culturelles qui tolèrent ces violences.
Protection : elle plaide pour la mise en place de systèmes permettant d’assurer la sécurité des victimes, l’accès à des soins médicaux, à un soutien psychologique et à des abris sûrs.
Justice et responsabilité : la sécurité humaine exige la poursuite des auteurs, la minimisation de l’impunité et l’accès à des mécanismes de justice équitables pour les victimes. Elle s’efforce également de réintégrer les survivants dans la société tout en luttant contre la stigmatisation.
Cette approche réitère que la sécurité ne se limite pas à l’absence de conflits armés mais inclut également la création d’environnements où les droits fondamentaux sont respectés.
Conclusion
L’analyse des violences sexuelles comme arme de guerre à travers les perspectives féministes, critiques et de sécurité humaine met en évidence les limites des cadres existants pour traiter ce problème. Ces perspectives complémentaires offrent une compréhension nuancée, mais elles soulignent également l’ampleur des obstacles à surmonter pour créer un monde exempt de ces atrocités. Les réformes juridiques, les changements culturels et les mécanismes de responsabilité sont autant de pistes essentielles pour relever ce défi.





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