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Les notes d'analyse

La Fédération internationale de l’automobile se dirige-t-elle vers une forme d’autocratie ?

  • Lucas Engel
  • 28 nov.
  • 3 min de lecture
Alexandra Legouix interviewe le président de la FIA, Mohammed bin Sulayem, au Salon international de l'automobile de Genève 2024. Crédit photo : Matti Blume
Alexandra Legouix interviewe le président de la FIA, Mohammed bin Sulayem, au Salon international de l'automobile de Genève 2024. Crédit photo : Matti Blume

Le 12 décembre prochain, à Tachkent en Ouzbékistan, le président sortant de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), l’Emirati Mohammed Ben Sulayem, sera réélu pour un mandat de 4 ans à la tête de l’instance dirigeante du sport automobile. Le doute n’est pas permis dans la mesure où aucun autre candidat n’a pu déposer de liste concurrente avant la date butoir fixée au 24 octobre dernier. Combien même un autre candidat l’aurait voulu, il n’aurait simplement pas pu pour des raisons réglementaires. 


En effet, en juin dernier, la présidence actuelle a modifié le règlement du scrutin. Dans sa nouvelle mouture, il impose aux candidats de fournir une “liste présidentielle” sur laquelle doivent figurer un président du Sénat et sept vice-présidents issus des six régions du monde (deux pour l’Europe, un pour l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, l’Afrique et l’Asie-Océanie). Ces sept vice-présidents seront notamment chargés de la mobilité automobile, du tourisme et du sport auto. 


Ainsi, les candidats aux postes susmentionnés ne peuvent figurer que sur la liste d’un seul candidat à la présidence et doivent tous être éligibles au Conseil Mondiale du Sport Automobile. Or, le problème, c’est qu’il n’y a qu’une seule représentante potentielle pour l’Amérique du Sud, à savoir Fabiana Ecclestone (la femme de l’ancien propriétaire et grand argentier de la F1). Elle est l’actuelle vice-présidente de Ben Sulayem et a naturellement accepté de figurer sur sa liste de réélection. 

Étant la seule représentante de sa zone géographique et ne pouvant figurer sur plusieurs listes à la fois, il se trouve que les candidatures concurrentes n’ont pu aboutir et ont toutes été retoquées par la FIA. 


C’est ce qui est arrivé aux candidatures de Tim Mayer (ancien commissaire sportif de la FIA, viré il y a peu par le président actuel) et Laura Villars, pilote suisse de 28 ans. Tous deux ont, à leur façon, dénoncé cette situation ubuesque. Le premier, en rappelant la modification récente du règlement du scrutin et en déclarant lors de son discours de renoncement que “cette élection n’est clairement plus démocratique. Quand on ne peut même plus se présenter, qu’il n’y a pas de candidats, cela devient un jeu, une comédie”.


La deuxième, quant à elle, est allée plus loin dans sa démarche et a saisi l’affaire devant le tribunal judiciaire de Paris le 10 novembre dernier. En effet, la FIA étant une association hébergée en France, elle se soumet aux lois françaises, ce qui explique la saisine devant le tribunal parisien. Laura Villars dénonce la violation du principe de démocratie associative et de pluralisme prévu dans les statuts de la fédération, et demande au tribunal de suspendre l’élection de la présidence de la FIA jusqu’au prononcé d’une décision sur le fond de ce litige. 


Elle met l’accent sur le manque de transparence et sur les malversations et fraudes en vue d’empêcher toute autre candidature. De fait, elle dénonce la virée autocratique de la présidence actuelle. 


Cette même présidence est loin de faire l’unanimité, et pour cause : les actions menées par Ben Sulayem sont largement critiquées. Il est notamment accusé d’avoir rendu la gouvernance de l’institution de plus en plus opaque, d’avoir modifié le code éthique de la FIA et d’avoir concentré les pouvoirs entre ses mains au détriment du Sénat. De plus, à ces critiques d’ordre institutionnelles, s’ajoutent des critiques d’ordre sportives. 


Pour comprendre cela, il faut insister sur le fait que la FIA a comme champ de compétence la gestion sportive et réglementaire de bon nombre de disciplines du sport auto (F1, WRC, WEC pour les plus connues). Or, il se trouve que sous la présidence de Ben Soulayem, la FIA s’est peu à peu transformée en un “gendarme” du sport auto. Elle a pris l’habitude de sanctionner les pilotes en les infantilisant, ce qui ne leur a pas plu et a provoqué de nombreux tollés médiatiques qui ont entaché la crédibilité de la FIA.


Malgré toutes ces critiques, la FIA semble déterminée à maintenir le calendrier comme tel. La seule chose qui pourrait changer la donne, c’est la décision du tribunal judiciaire de Paris qui sera rendue le 3 décembre prochain. Dans le cas où il se prononcerait pour une suspension de l’élection, cela entraînerait une période d’instabilité sans précédent au sein de l’instance de la FIA qui pourrait ne pas être en mesure d’organiser les différentes compétitions sportives.


Néanmoins, cela semble très peu probable, ce qui signifie que la question de la gouvernance démocratique au sein de la FIA restera entière, même après cette réélection annoncée.

 
 
 

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