La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) : la clé de l’émergence de l’Afrique

Depuis des décennies, l’Afrique est souvent associée à des indicateurs économiques peu encourageants : 60 % des individus vivant dans une pauvreté extrême à l’échelle mondiale, une croissance économique trop lente, des infrastructures insuffisantes, un chômage endémique et bien d’autres défis. Face à ces statistiques alarmantes, beaucoup pourraient conclure que le continent est enfermé dans un cycle de sous-développement dont il est difficile de s’échapper.

Source : https://www.lepoint.fr/afrique/afrique-les-banques-regionales-montent-en-puissance-03-06-2019-2316495_3826.php

Pourtant, un nouvel espoir se profile à l’horizon avec l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). Lancée en janvier 2021, cette initiative ambitieuse pourrait marquer un tournant décisif pour l’économie du continent. En favorisant le commerce intra-africain, en stimulant la croissance économique et en renforçant l’intégration régionale, la ZLECA s’impose comme un levier essentiel pour le développement. Cet article explore son potentiel à transformer le continent africain et à poser les bases de son émergence économique.

Qu’est-ce que la ZLECA ?

La ZLECA est un accord commercial révolutionnaire qui regroupe 54 des 55 pays membres de l’Union africaine, faisant d’elle l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde en termes de couverture géographique. Son objectif principal est de supprimer progressivement les droits de douane sur 90 % des produits échangés entre les pays africains. En éliminant ces obstacles commerciaux, la ZLECA ambitionne de renforcer la compétitivité des produits africains sur le marché mondial tout en stimulant les échanges intra-régionaux.

Au-delà des questions commerciales, cet accord s’inscrit dans une vision plus large d’intégration économique et politique du continent, en ligne avec les idéaux panafricanistes. En facilitant les échanges entre les nations, la ZLECA vise à encourager une coopération renforcée et à jeter les bases d’une unité économique qui permettra à l’Afrique de peser davantage sur la scène internationale.

L’importance du commerce intra-africain

Le commerce intra-africain reste actuellement l’un des plus faibles au monde, représentant à peine 15 % des échanges totaux du continent. En comparaison, ce chiffre atteint 60 % en Europe et 40 % en Asie. Ce déséquilibre illustre le potentiel inexploité des échanges au sein du continent. En renforçant ces échanges, la ZLECA pourrait transformer les économies africaines, souvent trop dépendantes des exportations de matières premières vers les marchés extérieurs, en moteurs d’une industrialisation indispensable et d’une diversification économique et compétitive.

L’augmentation du commerce entre les pays africains peut également stimuler la création d’emplois dans divers secteurs. Les industries locales, encouragées par une demande croissante de produits africains, auront l’opportunité de se développer et d’embaucher une main-d’œuvre locale. Cette dynamique pourrait contribuer à réduire les taux de chômage élevés, notamment parmi les jeunes, qui constituent la majorité de la population africaine. De plus, pour soutenir ces échanges accrus, des investissements dans les infrastructures seront nécessaires, ce qui profitera à l’ensemble des populations en améliorant la connectivité et la qualité des services de base.

Les défis à surmonter

Malgré son immense potentiel, la mise en œuvre de la ZLECA est confrontée à plusieurs défis. L’un des principaux obstacles est le manque d’infrastructures adéquates dans de nombreux pays africains. Les routes, les ports, les chemins de fer et les infrastructures numériques, indispensables pour faciliter le commerce, sont souvent insuffisants ou en mauvais état. Pour remédier à cette situation, des investissements massifs seront nécessaires, non seulement pour améliorer les infrastructures physiques, mais aussi pour renforcer les capacités institutionnelles et logistiques.

Un autre défi majeur réside dans les barrières non tarifaires qui continuent de freiner le commerce intra-africain. Ces obstacles incluent des réglementations complexes, des normes de qualité divergentes et des procédures douanières longues et inefficaces. Pour maximiser les bénéfices de la ZLECA, il sera essentiel d’harmoniser ces réglementations et de simplifier les processus.

Enfin, la diversité politique de l’Afrique peut également poser des difficultés. En effet, les divergences entre les systèmes politiques, les priorités nationales et les intérêts économiques des différents pays peuvent compliquer la coopération et la mise en œuvre de l’accord. La construction d’une confiance mutuelle entre les États membres sera cruciale pour surmonter ces différences et garantir une collaboration fructueuse.

Comment la ZLECA peut-elle favoriser l’émergence africaine ?

La ZLECA a le potentiel de transformer l’Afrique en un acteur économique majeur à condition que plusieurs leviers soient activés. Tout d’abord, l’innovation et l’entrepreneuriat constituent des éléments clés du succès de la ZLECA. En facilitant l’accès aux marchés, l’accord offre aux entrepreneurs africains, notamment aux jeunes, une opportunité unique de développer leurs entreprises. Les startups et les petites et moyennes entreprises (PME) auront ainsi un rôle crucial à jouer dans le dynamisme économique du continent. La ZLECA peut également servir de catalyseur pour encourager la recherche et le développement, permettant aux économies africaines d’être plus compétitives à l’échelle mondiale.

Enfin, la coopération régionale sera essentielle pour garantir le succès de la ZLECA. Les pays membres devront travailler ensemble pour harmoniser les politiques commerciales, réduire les tensions régionales et renforcer les institutions nécessaires à la mise en œuvre de l’accord. Une coordination efficace et une volonté politique forte seront indispensables pour surmonter les obstacles et maximiser les bénéfices de cette initiative historique.

Bref, la Zone de libre-échange continentale africaine représente une opportunité sans précédent pour le continent. En augmentant le commerce intra-africain, en stimulant la croissance économique et en favorisant l’intégration régionale, elle offre une solution concrète aux défis économiques auxquels l’Afrique est confrontée. Cependant, pour que cet espoir se concrétise, il est impératif de relever les défis liés aux infrastructures, aux barrières non tarifaires et aux divergences politiques.