Le « snapback » : les puissances européennes rétablissent leurs sanctions contre l’Iran
- Gabriel de Mauléon
- 30 sept.
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Ce samedi 27 septembre, à minuit, échouaient les négociations entre la république islamique d’Iran d’un côté, et la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, formant le groupe désigné comme E3, de l’autre. Ces négociations visaient à décider ou non du rétablissement des sanctions contre l’Iran, en vertu de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA), signé en juillet 2015, censé contrôler le programme nucléaire iranien, pour s’assurer que celui-ci soit strictement destiné à un développement civil de l’atome.
Depuis 2018, la sortie unilatérale de l’accord et le rétablissement des sanctions par le président Donald J. Trump, l’Iran avait progressivement cessé de respecter les conditions du traité, et avait accru considérablement ses stocks d’uranium enrichi. L’Iran a en effet accumulé des quantités critiques d’uranium enrichi à 60 %, un taux bien au-delà de la limite fixée à 3,67 % précisée par l’accord, et qui se rapproche dangereusement du taux d’enrichissement de 85 % requis pour un usage militaire. Depuis la « guerre des 12 jours » en juin 2025, pendant laquelle Israël puis les États-Unis ont frappé les sites nucléaires iraniens, l’Iran a fermé l’accès à ses infrastructures aux enquêteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui n’ont pu accéder aux infrastructures que la semaine du 22 septembre, après la signature d’un accord le 9 du même mois entre la république islamique et l’agence onusienne.
Le bilan de l’affrontement Israël-Iran, qui a vu ce dernier incapable de protéger son espace aérien, est difficile à estimer. Si des dizaines de scientifiques ont été tués, et que certains sites ont été lourdement bombardés, notamment les installations souterraines de Fordo et Natanz, la majeure partie des sites et des stocks du programme nucléaire semblent avoir été préservés, et le temps estimé pour que l’Iran accède à l’arme nucléaire, « seulement » retardé de deux ans, selon les renseignements israéliens.
Devant l’arrêt de tout contrôle effectif sur le programme nucléaire, l’E3 avait, le mois dernier, enclenché la procédure dite de « snapback » soit de rétablissement des sanctions. L’Iran et les Européens avaient un mois de négociations pour s’entendre, ces derniers avançant trois conditions à Téhéran : la reprise des négociations avec les États-Unis, l’accès des inspecteurs de l’AIEA aux sites nucléaires et un processus pour sécuriser le stock d’uranium enrichi. A ces demandes, s’ajoute la question des « otages » européens en Iran, notamment trois Français arrêtés et détenus dans les prisons iraniennes, et dont le gouvernement français estime qu’il s’agit d’une politique d’otage d’État dans l’objectif de les échanger contre des concessions.
Devant l’échec des négociations, l’économie iranienne, avant même le rétablissement des sanctions, voit sa situation se dégrader rapidement. Le dollar et l’euro atteignent des niveaux records contre le rial cette semaine, le prix de l’or, utilisé comme réserve pour les Iraniens, a aussi fortement augmenté. Ceci n’améliore pas la mauvaise santé du pays, confronté depuis 2018 à une forte inflation, à des déficits importants et à des problèmes énergétiques, les grandes métropoles iraniennes étant en effet sujettes à des coupures récurrentes d’électricité. Les sanctions européennes visent en particulier les programmes d’armements (notamment balistiques) du régime, mais aussi de tout système utilisé par le programme nucléaire, s’y ajoutent des gels d’avoir à l’étranger, des restrictions de voyage pour des individus ciblés mais aussi des mesures contre le pétrole iranien.
C’est un revers difficile pour le président Massoud Pezeshkian, qui avait été élu sur une politique d’ouverture vers les pays occidentaux, opposé aux conservateurs et à leur politique de l’« économie de la résistance », visant à l’autosuffisance de la république islamique.





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