Sanae Takaichi : Batteuse de heavy metal, conservatrice audacieuse et nouvelle dirigeante du Japon
- Nicolas Schirmann
- 29 oct.
- 2 min de lecture

Sanae Takaichi, première femme Premier ministre du Japon, combine un profil atypique à un conservatisme affirmé hérité de Shinzo Abe et inspiré par Margaret Thatcher. À la tête d’un Parti Libéral-Démocrate (PLD) affaibli et minoritaire, elle devra gérer des alliances fragiles. Sur le plan géopolitique, elle s’engagera à renforcer la défense japonaise, consolider l’alliance avec les États-Unis et développer les relations avec les partenaires régionaux, dans un contexte de tensions persistantes en mer de Chine.
Fan d’Iron Maiden et de Deep Purple, Sanae Takaichi, 64 ans, a réalisé l’improbable : devenir la première femme à diriger le gouvernement japonais. Originaire de la préfecture de Nara, elle effectuait chaque jour six heures de trajet pour se rendre à l’université, tout en affrontant les normes traditionnelles japonaises. Ses parents l’ont orientée vers une université publique plutôt qu’une institution privée prestigieuse, reflétant une société qui privilégiait encore l’éducation masculine. Elle a tracé sa propre voie, étudiant à l’Institut Matsushita pour la gestion publique et effectuant un stage au Congrès américain.
Elle entre en politique en 1993 comme indépendante et rejoint rapidement le PLD, devenant une alliée proche de Shinzo Abe. Elle y défend des politiques visant à renforcer l’armée japonaise, réviser les manuels d’histoire et stimuler l’économie, et occupe plusieurs postes ministériels. Son ascension à la tête du PLD s’est faite en battant quatre rivaux masculins et en s’appuyant sur les membres de base du parti, alors que le PLD traversait une période électorale difficile.
Sur le plan intérieur, Takaichi devra arbitrer entre les priorités de sa coalition : réformer la sécurité sociale, relancer le nucléaire, encourager la natalité et lutter contre la hausse des prix.
À l’international, son agenda s’annonce tout aussi dense. Takaichi devra à la fois consolider les capacités de défense du Japon et préserver l’alliance stratégique avec les États-Unis, tout en naviguant dans un environnement régional marqué par la montée en puissance de la Chine et les tensions en mer de Chine. Pékin attend de Tokyo qu’il demeure prudent sur la question de Taïwan. La nouvelle cheffe du gouvernement devra aussi renforcer la coopération trilatérale avec la Corée du Sud, l’Australie et les Philippines, pilier de la stratégie indo-pacifique, tout en préparant des rencontres clés avec Donald Trump, le président sud-coréen Lee Jae-myung et, potentiellement, Xi Jinping.
Malgré son profil atypique, Takaichi reste attachée à des valeurs conservatrices, tant sur le plan social qu’économique. Son mandat symbolise également le retour à une politique sécuritaire et nationaliste, dans un contexte asiatique marqué par la montée en puissance de la Chine, la menace nord-coréenne et des tensions régionales persistantes.





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