Sheikh Hasina, ancienne Première ministre du Bangladesh condamnée à la peine de mort pour crimes contre l’humanité
- Nahia Aboubakar
- 25 nov.
- 2 min de lecture

La bégum de fer - titre honorifique des femmes de haut rang en Asie du Sud - Sheikh Hasina, a été condamnée à mort le 17 novembre 2025 par le International Crimes Tribunal de Dacca, qui la jugeait par contumace pour crimes contre l’humanité liés à la répression sanglante des émeutes de l’été 2024.
Âgée de 78 ans et réfugiée en Inde depuis plus d’un an, l’ex cheffe de l’exécutif est également poursuivie pour plusieurs chefs d’accusation parmi lesquels : disparitions forcées et massacres lors des manifestations de 2013. Cette décision, diffusée en direct et appuyée par les réquisitions du procureur général, vient répondre à la répression sanglante, par son Gouvernement, des manifestations de l’été 2024. En effet, celui-ci avait permis l’usage massif de la force contre les manifestants, notamment par drones, hélicoptères et armes létales.
Sheikh Hasina a dirigé le Bangladesh lors de deux grandes périodes : de juin 1996 à juillet 2001, puis de janvier 2009 à août 2024, après de multiples victoires contestées par l’opposition sur fond de fraudes électorales et de boycott. Parmi ses succès, on retient l’accord de partage des eaux avec l’Inde en 1996, certaines avancées dans la croissance économique, et une diplomatie active, notamment envers les pays voisins. Hasina reste toutefois critiquée pour l’autoritarisme croissant de son régime, la répression des droits humains et l’usage politique controversé du International Crimes Tribunal sous son mandat. Initialement dédié aux crimes commis durant la guerre d’indépendance de 1971, ce tribunal spécial a notamment été réutilisé pour écarter ses adversaires.
C’est ce même tribunal qui l’a condamnée suite à la répression des émeutes de l’été 2024, qui ont fait plus de 1 400 morts selon les bilans onusiens, dont une part importante d’enfants, tués principalement par les forces de sécurité sous ordre des responsables politiques. Le tribunal a jugé que l’ex Première ministre avait personnellement donné ses ordres, bien qu’elle nie toute implication directe et dénonce une justice biaisée et politiquement motivée.
Selon le chef de la police de Dacca, des consignes de tirer à vue avaient été émises pour réprimer les violences et les actes d’incendie, un témoignage corroborant l’implication du pouvoir exécutif.
Alors que ce verdict intervient dans un climat de vives tensions : sécurité renforcée dans les métropoles, multiples explosions et agressions, et un tumulte populaire polaris, certains applaudissent la sentence, d’autres dénoncent une justice d’exception et craignent pour l’avenir du pays, alors même que les législatives de février 2026 se dérouleront sans le parti de l’ex-Première ministre, la Ligue Awami, désormais interdite de scrutin.
Ce procès historique met ainsi en lumière les failles de l’État de droit au Bangladesh et interroge la capacité du pays à mener une transition pacifique après des années d’autoritarisme.





Commentaires