Shutdown aux États-Unis : paralysie subie ou stratégie assumée ?
- Alexandre Zins
- 15 oct.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 oct.

La pression monte aux États-Unis, plongés depuis le 1er octobre 2025 dans un shutdown qui ne semble pas tant affecter le camp trumpiste. Le bras de fer entre démocrates et républicains sur la question du budget a amené le gouvernement à stopper ses activités non-essentielles, une paralysie qui n'avait pas eu lieu depuis le shutdown de 2018, qui avait duré 35 jours.
Mais 17 jours suffisent à envenimer une situation où les institutions sont déjà instables. Le trafic aérien ralentit, l'armée réclame un accord sur les paiements des troupes, et Wall Street avance à l'aveugle sans la publication des données fédérales sur l'économie. Les démocrates, qui voulaient protéger le système d'assurance sociale dans ces négociations budgétaires, se retrouvent frustrés face à l'intransigeance des républicains. Au lieu de forcer le compromis, le mécanisme de shutdown se retourne contre eux.
En effet, le camp présidentiel profite ouvertement de la situation. Le chômage technique touchant 600 000 fonctionnaires est une aubaine, qui leur permet de réaffirmer la politique défendue par le Département de l'efficacité gouvernementale. C'est aussi une occasion pour le président de s'en prendre aux agences fédérales encore aux mains des démocrates.
En réalité, le shutdown peut être compris comme l'amorce d'une nouvelle étape dans la dynamique d'autocratisation qui vise les institutions démocratiques étatsuniennes. Plus tôt dans l'année, Trump avait commencé par s'attaquer aux contre-pouvoirs judiciaires en saturant l'espace de décrets présidentiels aux constitutionnalités critiquables. La décision de la Cour suprême du 27 juin lui avait donné raison en réduisant substantiellement le pouvoir de contrôle des cours locales.
C’est désormais à l’opposition parlementaire de devenir la cible d'un président voulant maximiser son pouvoir. Avec l'approche des élections de mi-mandat, le shutdown est l'occasion d'attaquer le parlement en profitant des mécanismes de séparation stricte des pouvoirs. Dans l'optique de sa stratégie de saturation, cette paralysie permet de monopoliser les efforts démocrates, alors que les deux partis tentent activement de modifier les découpages électoraux à leur avantage dans des États clés tels que la Californie, le Missouri, l’Utah ou encore le Texas.
Le shutdown révèle ainsi la fragilité paradoxale de la position trumpiste. Malgré leur contrôle des institutions, les républicains ne disposent que d'une courte majorité à la Chambre des représentants (219 contre 214), une situation qui rend leur stratégie brutaliste particulièrement risquée à l'approche des élections de mi-mandat. Ce risque explique sûrement l'agressivité stratégique du camp présidentiel, qui préfère instrumentaliser la paralysie gouvernementale plutôt que de négocier depuis une position qu'ils savent vulnérable. Le pari est clair : maximiser l'affaiblissement des institutions démocratiques avant que le verdict des élections ne vienne potentiellement renverser le rapport de force.





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