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Les notes d'analyse

Victoire d’un « trumpiste » aux élections législatives en République tchèque : l’Europe centrale à l’épreuve du national-populisme 

  • Eliott Ehrhardt
  • 13 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 oct.

Andrej Babis lors du sommet des Patriotes pour l'Europe à Madrid le 8 février, Photo credit: Vox España
Andrej Babis lors du sommet des Patriotes pour l'Europe à Madrid le 8 février, Photo credit: Vox España

Le 3 et 4 octobre 2025, les électeurs tchèques se sont rendus massivement aux urnes, avec un taux de participation record de 68,9%. Ils ont largement accordé leur confiance à Andrej Babiš, chef du parti populiste ANO (Action des citoyens mécontents), qui a recueilli 34,51% des suffrages et obtenu 80 des 200 sièges de la Chambre des députés.


Babiš s’impose ainsi comme la principale force politique du pays, loin devant la coalition sortante Spolu (« Ensemble », alliance des partis de droite et du centre dirigée par le Premier ministre sortant Petr Fiala, qui n’a obtenu que 23,36% des voix et 52 sièges. Cet écart devrait inciter le président Petr Pavel, pro-européen, à confier à Babiš la formation du prochain gouvernement. Pour constituer une majorité, celui-ci pourrait s’allier avec l’extrême droite du SPD (7,78%,15 sièges), mais il est plus probable qu’il se tourne vers Motoristé sobě (Les automobilistes pour eux-mêmes), une formation conservatrice et eurosceptique aux positions proches de l’extrême droite, qui fait son entrée au Parlement avec 6,77% et 13 sièges. 


Se présentant lui-même comme le « Trump tchèque », Andrej Babiš, milliardaire et Premier ministre de 2017 à 2021, est le propriétaire du conglomérat Agrofert et de plusieurs médias. Il traîne toutefois derrière lui une série de scandales liés à des détournements de fonds européens et des conflits d’intérêts. Durant la campagne, il a misé sur un discours populiste classique - opposition au Green Deal, rejet de l’immigration, volonté de limiter le soutien militaire à l’Ukraine – tout en centrant son discours sur le pouvoir d’achat : plafonnement des prix de l’énergie et du logement, baisse de l’âge de départ à la retraite. Ce positionnement socio-économique lui a permis de séduire une large partie de l’électorat. 

Sur la scène internationale, sa victoire a été saluée par ses alliés populistes européens. Son retour au pouvoir pourrait marquer un tournant pour l’Europe centrale, déjà dominée au sein du groupe de Visegrad (V4) par les gouvernements nationaux-populistes de Viktor Orban en Hongrie et de Robert Fico en Slovaquie. Une évolution qui suscite l’inquiétude de Bruxelles. En juillet 2024, Babiš, aux côtés du FPÖ autrichien, et du Fidesz d’Orban, avait d’ailleurs cofondé le parti européen Patriots for Europe, auquel siège également le Rassemblement national français. 


Malgré sa rhétorique eurosceptique, Babiš demeure avant tout un pragmatique. Son populisme, souvent qualifié « d’attrape-tout », semble davantage servir ses intérêts personnels et économiques que défendre une véritable idéologie. Etroitement dépendant du marché et des fonds européens, il devrait éviter de suivre la voie d’Orban, de peur d’exposer la République tchèque à des sanctions européennes. C’est dans cette logique qu’il a écarté l’idée d’un référendum sur la sortie de l’Union européenne, souhaitée par le SPD, affirmant le soir des résultats « Nous sommes clairement pro-européens et pro-OTAN ». Une déclaration destinée autant à rassurer Bruxelles qu’à clarifier sa position vis-à-vis de ses futurs partenaires. De plus, bien qu’il s’oppose aux aides militaires à l’Ukraine, Babiš ne partage pas les positions pro-russes affichées de Fico ou d’Orban. Enfin, il ne dispose pas des leviers institutionnels nécessaires pour transformer la République tchèque en une démocratie illibérale comparable à celle de la Hongrie. 


Ainsi, la montée d’un axe national-populiste en Europe centrale est indéniable, il reste prématuré de parler d’une véritable « internationale réactionnaire » ou d’un Visegrad populiste unifié.


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